L’accident – Partie 4

Le capitaine Tourville est le seul à avoir compris ce qui allait arriver à son vaisseau cinq bonnes minutes avant l’incursion ennemie sur son royaume, sur son territoire, sur son navire bien aimé. La frégate de type Sword of Destiny a un passé glorieux d’engagement contre des vaisseaux eldars, chaotiques et a même participé à la destruction d’un space hulk. Néanmoins, personne ne peut lutter contre l’effondrement de son champ de Geller en pleine navigation dans le Warp. Au moment où l’alarme sonne sur le pupitre de commandement, le capitaine sait que si la panne dure plus de 15 minutes, son vaisseau est condamné. Il sera capturé par les créatures de l’immaterium et chacun de ses occupants sera damné. Il étouffe dans l’œuf la panique naissante grondant dans son ventre, puis donne des ordres d’une voix sèche et autoritaire, permettant à un calme précaire de revenir sur la passerelle. L’alarme générale est sonnée, l’équipage se rue aux postes de combat. Le capitaine jette un coup d’œil sur le vaisseau du libre marchand, visible sur les senseurs, mais ce dernier ne pourra pas faire grand-chose. Il donne néanmoins l’ordre de le prévenir de la situation. Les premiers rapports de morts aussi soudaines que horribles commencent à tomber et le sang semble couler à flots sur les ponts inférieurs. Dix minutes sont passées quand le rapport de l’adepte en chef du vaisseau condamne tout le monde à bord. Le champ de Geller est irréparable. C’est à ce moment-là que la voix commence à susurrer des murmures hypnotiques dans l’oreille droite du capitaine. Celui-ci se retourne, il ne voit rien… Il sait qu’il n’a rien imaginé quand sans signe avant-coureur, le barreur se met à s’arracher les yeux en hurlant. Son second abat le désespéré avant qu’il ait pu terminer, mais cela ne sert à rien, Tourville le sait. Bientôt, tout l’équipage de la passerelle commence à agir comme des possédés, se sautant les uns sur les autres, poussant des hurlements de douleurs et de démences à glacer le sang. Le capitaine est immobile, un îlot de calme au milieu de la tempête. Mais ce n’est pas de son fait. Il sent la présence du démon à ses côtés. Il semble l’apercevoir à la périphérie de son regard. Il sent sa présence écrasante, lui refusant le moindre mouvement. L’espoir revient pourtant au milieu du chaos. Une transmission du capitaine Reynolds informe que l’Ignus Fatuus va étendre son champ de Geller pour récupérer ceux qui peuvent évacuer. Il est trop tard pour Tourville, mais peut être peut-il encore accomplir son devoir. Il se rattache de toute sa volonté et de toute son âme à cet espoir. Sous le regard de l’Empereur qu’il loue de ses pensées, il tente de lutter, de bouger son corps. Ses doigts se rapprochent petit à petit du bouton de son fauteuil de commandement. De grosses gouttes de sueur perlent de son front alors que son index se pose enfin dessus, après un trajet de 5 centimètres qui lui a paru durer 5 ans. Dans un dernier effort de volonté, il l’enfonce et entend les alarmes changer et ordonner l’évacuation du navire. Le capitaine s’écroule dans son fauteuil de commandement. Il a failli à l’Empereur, et devra pour cela souffrir milles morts dans l’immaterium, mais peut être que d’autres hommes accompliront leurs devoirs.

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